Lettre ouverte à monsieur le ministre

 Monsieur le Ministre,

 Vous êtes invité dans notre école, sans tapis rouge, avec des journalistes.

Venez avec votre cartable, votre équipement de protection et soyez à l’heure ! L’un d’entre nous pourra gérer la classe de notre collègue, absent pour COVID. Et vous ? Eh, bien vous prendrez les rênes de l’une de nos classes en distanciel et en présentiel en même temps.

Monsieur le Ministre, selon le nième protocole et la dernière mise à jour de la FAQ COVID, n’oubliez pas de prévoir :

✓ votre flacon de gel
✓ votre boîte de masques car non fournie par notre employeur, visière non autorisée. Pas de protection Plexiglas à l’école pour accueillir un élève cas contact de sa sphère familiale et qui est présent aujourd’hui
✓ votre capteur CO2
✓ votre boîte d’autotests
✓ votre sourire… avec les yeux pour réconforter la famille qui ne comprend plus J0, J2, J4… ✓ votre parole rassurante, à tout moment de la journée, face aux inquiétudes, aux angoisses des élèves et des familles. Ça ne prévient pas, ça ! Les élèves ont « mal au ventre », Monsieur le Ministre
✓ votre pique-nique pour déjeuner seul dans votre classe.
✓ votre téléphone portable pour avoir les nouvelles directives, via les médias et les réseaux sociaux.

A la fin d’une telle journée, vous comprendrez notre exaspération, notre fatigue et la pénibilité de notre métier. Il est comme le virus, devenu très variant : contrôleur d’attestations, gestionnaire de tableaux COVID, infirmière, standardiste, agent de réassurance, aseptiseur…

Enseignant ? Que nenni, saperlipopette !

Tiens zut, deux nouveaux collègues ont la Covid-19. Pas de remplaçant. Mince ! Même les enseignants diplômés et en disponibilité se voient refuser une classe par le rectorat pour venir en renfort ! Un comble…vaut mieux un sans-emploi qui débute ou un étudiant !
Les élèves doivent rester à la maison. Les familles d’élèves sont disponibles, elles ! En êtes-vous certain ?

On ne nous dit pas tout et on ne vous dit pas tout, dans cette pagaille ! Toujours pas de soucis, M. le Ministre ?

L’école ouverte coûte que coûte est votre fierté. Pas la nôtre ! Aujourd’hui, l’école s’est transformée en « garderie de la République ».

Très sincèrement, Monsieur le Ministre.
L’équipe des personnels, des enseignants et le chef d’établissement