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Épauler, représenter, défendre autrement dans l’enseignement privé sous contrat

L’avis du Spelc

Dernière modification le 24/11/2023
Une mission devenue impossible ?

La fonction l’emporte sur la mission … Les chefs d’établissement (CE) Spelc s’interrogent

Des tâches nouvelles se cumulent : gestion du pacte, rédaction des plans particuliers de mise en sûreté (PPMS) et mise en œuvre des exercices, Règlement général sur la protection des données (RGPD), gestion du CSE, réponses aux enquêtes diverses, travail administratif et d’accompagnement exponentiel dans le cadre de l’école inclusive, réunions de groupes de travail ou de commissions de plus en plus nombreuses (conseil d’établissement, équipe d’animation pastorale, instances représentatives du personnel (IRP), (équipes de suivi de la scolarisation (ESS), organisation des emplois du temps des accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) mutualisés, participation aux commissions diocésaines, organisation des remplacements dans le cadre des carences ou déficit de suppléants…

Comment assumer tout cela lorsque le budget ne permet pas d’augmenter le personnel ? Comment assumer sans s’épuiser ? Comment s’autoriser une hiérarchisation des urgences ou prétendues urgences à traiter ? Comment résister ?

Le travail relationnel, de gestion de conflits ou de gestion de mécontentements s’alourdit : parents exigeants, procéduriers, irrespectueux des règles…

La fonction de CE est-elle devenue incompatible avec la fonction d’enseignant ? 

La question émerge. Il y a quelques années, les plus anciens d’entre nous ne se seraient pas posé la question. Ils étaient avant tout des enseignants cadres en responsabilité. Les nouveaux CE reçoivent une formation qui tend à créer un corps de dirigeants distants des enseignants. Le PPCR, avec le rôle d’évaluateur du CE, change aussi la relation aux enseignants, concrétise la hiérarchie et peut accentuer le syndrome d’isolement du CE.  Le choix des tutelles de multiplier les directions multisites en vue d’obtenir des décharges complètes éloignent les CE du rôle d’enseignant. Et dans ce cas, comment assurer la présence physique quotidienne sur tous les sites ? Faut-il aussi pour nos écoles des adjoints de direction comme en 2nd degré ?

Des CE déchargés partiellement font parfois le choix de prendre en charge la petite section de maternelle pour pouvoir raisonnablement profiter des temps de sieste indispensables pour accomplir toutes leurs tâches.  Cependant, dans des structures où le CE n’a que 25 % ou 33 % de décharge, il est enseignant au sein de son équipe, il est collègue et ce n’est plus la même posture, la même relation à l’équipe.

La responsabilité sur des domaines qui ne sont pas le cœur du métier génère du stress : sécurité, travaux, conflits entre parents séparés… C’est une fonction qui engage souvent le couple, la famille.  L’équilibre entre vie personnelle et fonction demande du recul. Elle nous semble incompatible avec des enfants en bas âge.

La reconnaissance de notre fonction est parfois remise en cause : nos compétences, par exemple en ESS, sont moins reconnues par les familles que la parole des partenaires de soins et spécialistes des hôpitaux qui, souvent, se permettent de nous prodiguer des conseils par l’intermédiaire des parents.

Les bénévoles des Ogec manquent souvent de compétences : faudra-t-il que l’Enseignement catholique revoie son organisation pour que davantage de professionnels accompagnent les Ogec (immobilier, gestion, droit) ? C’est la limite de notre système, avec des bénévoles Ogec qui se disent être nos patrons !

La mutualisation de personnels reste insuffisante ou complexe à mettre en place juridiquement pour nos organismes de gestion : un homme d’entretien pour plusieurs écoles ? Comptable ? Secrétaire ?

Dans le cadre d’ensemble scolaire, il convient de garder une certaine vigilance.

Il arrive que les protocoles de coordination deviennent de vrais protocoles de subordination, c’est-à-dire que le CE du 1er degré hérite de tout ce que celui du 2nd degré ne veut pas faire, ou qu’il hérite du personnel le moins compétent que l’autre établissement ne veut pas et que ce dernier a pourtant lui-même parfois recruté.     

Nous sentons bien que nous sommes à un tournant de ce métier d’enseignant – chef d’établissement. Le Spelc a toujours mis en avant la fonction d’enseignant et ne voudrait pas voir arriver des chefs d’établissement PDG ou technocrates. Le Spelc est contre le CE multisites : comment assurer la présence physique quotidienne sur tous les sites ? Des adjoints ? Le Spelc reste attaché à la proximité, à la communication, au sentiment d’appartenance. À Paris, par souci d’équité avec les écoles publiques, la proposition est faite à tous les CE par la DDEC, peu importe le nombre de classes, de bénéficier d’une décharge complète, dès lors que l’Ogec peut se le permettre financièrement. Cependant, certains collègues n’en veulent pas pour garder leur « cœur de métier » qualifié aussi de « métier de cœur ».

Le Spelc milite pour la mutualisation des compétences, l’augmentation des décharges, tout en maintenant la particularité de nos établissements : que chacun participe dans son rôle et avec ses compétences propres à la réalité vécue du projet éducatif et pastoral. Même si les tâches sont lourdes, nous restons chefs d'établissement. C’est un métier très riche en termes de relations humaines, à l’interface de tous les partenaires.

Nous sommes au service de notre établissement et de l’institution dans lesquels nous vivons des moments intenses/importants de satisfaction et de joie.

La commission des chefs d’établissement

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